Le marché du travail est comme une éponge alimentée par 2 robinets, celui des actifs (travailleurs) natifs et celui des non natifs. Ces 2 flux entrants peuvent à la fois fournir de futurs salariés comme de futurs entrepreneurs. Ces derniers permettent à l’éponge de s’agrandir et ainsi continuer d’absorber les flux provenant des 2 robinets. Chaque année, un essorage programmé est réalisé avec un flux sortant, constitué des travailleurs et patrons en âge de prendre leurs retraites.
La difficulté du marché du travail survient lorsque les 2 flux entrants sont plus importants que le flux sortant et que l’éponge cesse de s’agrandir faute de création d’activité. Des essorages intempestifs interviennent alors, expulsant des travailleurs hors du marché du travail, c’est ce qu’on appel le chômage.
Certains de ces chômeurs arrivent néanmoins à réintégrer le marché de l’emploi en devenant leurs propres patrons, en tant que patentés. Néanmoins, leur situation n’est pas forcément enviable. En effet, il convient de rappeler ici qu’en 2011, près de 33% de ces patentés n’étaient pas imposables, fautes de revenus suffisants, et que la moitié d’entre eux se trouvaient sous le seuil de pauvreté (<130 000 fcfp/mois)1. En 2021 environ 20 000 actifs se réclamaient du régime de la patente, correspondant à 16% des personnes occupant un emploi.
Il convient également de rappeler le nombre de chômeurs en Nouvelle-Calédonie estimé en 2020 entre 20 et 30 000 personnes2.
Face à cette situation, outre le souhait de l’association de remplacer à terme les emplois salariés occupés par les non natifs par des natifs, l’association demande à ce que soit réguler le robinet des travailleurs issus de la mobilité ou de l’étranger comme le propose le député Le Breton dans son rapport au travers de ses propositions n°18 et 19 visant à limiter la durée de séjour outre-mer des métropolitains et à enclencher le processus de suppression des primes de mobilité.
Comme le rappel le député, certaines primes de mobilité […] peuvent représenter des montants importants (plusieurs années de salaires) révélant ainsi les véritables motivations des agents demandant leur affectation outre-mer n’ayant en réalité aucun projet de vie ou d’intérêt pour le territoire si ce n’est qu’une optimisation financière de leurs revenus.
Dans son rapport, il stipule également que l’Etat serait en capacité d’organiser le départ des métropolitains pour un retour vers l’hexagone, ce que l’association demande.
Si de tels mesures défendues par l’association visent à protéger les emplois hautement qualifiés (cadres supérieurs – catégorie A) au profit des natifs, il convient de ne pas oublier les autres catégories (employés, ouvriers, …) qui elles aussi peuvent être amenées à subir les effets d’une mobilité non contrôlée, autre que métropolitaine. L’association fait référence ici à la communauté wallisienne et futunienne pour laquelle l’Etat a permis et permet encore à ce jour son établissement en masse en Nouvelle-Calédonie, pouvant malheureusement être source de conflits violents3.
Pour information, la communauté wallisienne et futunienne est à la date du dernier recensement ayant eu lieu en Nouvelle-Calédonie en 2019, 2 fois plus nombreuse que sur son île d’origine avec près de 30 000 personnes (métis compris)4 contre 15 000 à Wallis et Futuna.
Pour en revenir aux primes de mobilité mentionnées dans le rapport du député Le Breton, elles auraient été créées car il existerait un problème d’attractivité, c’est à dire de difficulté de recrutement, en outre-mer.
L’association s’interroge du bien fondé de celles-ci qui visent à surrémunérer des personnes de métropole afin qu’elles se rendent dans les outremers alors que comme le reconnaît le député de nombreux ultramarins […] parfois au chômage […] seraient motivés et capables d’occuper les postes pourvus par les métropolitains.
L’association propose ainsi que les montants alloués pour ces sur-rémunérations soient utilisés dans la formation des ultra-marins dans des secteurs où ceux-ci font actuellement défaut comme celui de la santé comme le propose le député dans sa proposition n°13 intitulée : renforcer significativement les filières de formation en santé.
Comme le stipule le rapport, les métiers de la santé apparaissent comme une priorité : les besoins sont constants et en développement rapide, dans des territoires actuellement sous-médicalisés […] et dont la population est en outre appelée à vieillir rapidement. Priorité doit donc être donnée à la mise en place […] de l’ensemble des filières d’internat […] et des formations d’auxiliaires médicaux.
L’association s’étonne encore aujourd’hui de la quasi absence de médecins calédoniens natifs du territoire lorsque l’on sait que le Médipôle de Koutio5, estimé en 2004 à environ 20 milliards, réévalué en 2005 à 37 milliards, aura été réalisé en 2016 avec un budget final de près de 50 milliards de fcfp (419 millions d’euros). Avec un surcoût de plusieurs dizaines de milliards et 20 ans après sa première estimation, aucune promotion de médecins calédoniens ,natifs du pays, n’a vu le jour.
Bien que disposant d’un pôle de métiers de la santé et des services au sein du RSMA6 et d’un service de santé des armées basé à Nouméa7, l’Etat n’a encore ouvert aucune formation visant à ce que la Nouvelle-Calédonie dispose de ses propres médecins.
1 Etat des lieux de la fiscalité directe de la Nouvelle-Calédonie, JP Lieb, décembre 2011